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PROJETS 2023 - 2024

Créations en cours
2023-2024

NOTE D’INTENTION ROBE DE MARIÉE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est surtout parce que l’écriture magnifique de Katherine Battaiellie épouse tout à la fois la ténacité de Marguerite et la dentelle de sa robe, au point de proposer à la comédienne un matériau prodigieux pour notre prochaine création.

Ce qui est artistiquement commun à la robe de mariée de la « couturière » et au monologue qui en brode la genèse c’est la dentelle.

Dentelle tissée avec ténacité dans la lacération acharnée des draps comme dans le déroulé ininterrompu de phrases jamais fermées, compactes sur plus d’une page parfois., Mais de même que la masse des fils tirés des draps s’aère par leur tissage enchevêtré, le flot des mots s’aère paradoxalement par l’accumulation de moments différents dans une même phrase si on dit le texte jusqu’à la perte du souffle, qui détruit les repères logique à l’image de celle de « l’internée» qui détruit son enfermement dans l’âge réel et les murs de l’hôpital par son échappée imaginaire.

C’est cela que nous voulons rendre par une scénographie qui ne cherchera pas à restituer un espace naturaliste qui reconstituerait injustement, pensons-nous, cet enfermement dans l’espace concentré sur la seule anecdote, au lieu d’ouvrir sur les strates d’imaginaire que recèle le texte.

 La contrainte respiratoire que l’écriture impose à la comédienne lui permet de se trouver d’emblée à la fois dans la posture de l’écrivaine et dans celle de l’héroïne.

En effet ce qu’elle doit d’abord maîtriser c’est son souffle, non en le calquant sur une ponctuation qui rétablirait une logique grammaticale « raisonnable », et détruirait la matérialité du texte sans construire une dentelle.

Au rebours de ce naturalisme de la diction, elle doit tisser son phrasé déchiré avec ténacité, jusqu’à l’étouffement, créant ainsi à la fois celui de l’héroïne enfermée et un « déchirement » de la phrase (semblable à celui des draps), qui la place aussi dans le moment précis de l’écriture du monologue, dont elle se fait « passeuse » (mission de l’acteur selon Claude Régy) comme l’auteure s’est faite « passeuse » de l’obsession de l’artiste-couturière.

De la sorte nous ouvririons l’imaginaire du public sur les strates qui s’entremêlent dans ce texte, la dentelle de la robe, sa fabrication réelle par Marguerite, sa folie et son art, l’écriture du monologue et sa singularité par Katherine.

Tout cela soutenu par une scénographie jouant aussi sur la dentelle, ses trous, et ses tissages.

 

Nathalie Gautier,  Jean Monamy

C’est encore pour continuer à travailler sur des écritures contemporaines aussi «singulières » que celles de Sonia Chiambretto, Alain Béhar ou Colette Peignot que CHTO Compagnie s’est tourné vers La robe de Mariée de Katherine Battaiellie.

C’est aussi parce que l’héroïne de ce texte est une femme au parcours aussi singulier et sans concession que celui de Sveta la réfugiée tchéchène, Laure la poétesse qui rompt avec les préjugés religieux, bourgeois, machistes, politiques, littéraires, Médée « la barbare » indomptable, que nous nous attachons à l’histoire de Marguerite Sirvins née en Lozère en 1890, internée à 41 ans à l’hôpital psychiatrique de Saint-Alban-sur-Limagnole, où elle commence par créer des aquarelles et des broderies. En 1945, elle a 55 ans, mais pense qu’elle en a 18 : elle souhaite avec ardeur connaître l’Amour, confectionne et brode sa robe de mariée destinée à des noces qui resteront imaginaires.

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